Affectée depuis sa construction au culte catholique, l’église Saint-Bruno de Bordeaux est une église du XVIIe siècle située dans le centre-ville, dans le département de la Gironde et la région Aquitaine–Limousin–Poitou-Charentes en France. Elle est la première église baroque construite à Bordeaux avant l’église Saint-Paul et l’église Notre-Dame.
L’église fait face au cimetière de la Chartreuse, le plus ancien et le plus grand cimetière de Bordeaux. Classée au titre des monuments historiques depuis 1862, l’église Saint Bruno est le dernier témoignage architectural du prestigieux monastère des chartreux construit sous l’épiscopat du cardinal François de Sourdis, archevêque de Bordeaux de 1599 à 1628.
L’Église Saint-Bruno a été édifiée à partir de 1611 à la demande du cardinal de Sourdis, alors archevêque de Bordeaux et du frère Blaize de Gasq, sieur de Saint Sulpice. L’église était alors rattachée au couvent des chartreux, dont il ne reste aujourd’hui que la porte.
Il fit pour cela, assécher un marais situé à son emplacement actuel qui impliqua des travaux de terrassements et d’assainissements considérables. En 1793, lors de la Révolution, l’église fut pillée par les iconoclastes et vendue comme bien national. Les tombes des membres de la famille du cardinal de Sourdis furent alors profanées et les corps exhumés. Après la Révolution, l’église est rendue au culte et transformée en église paroissiale par Monseigneur d’Aviau, alors archevêque de Bordeaux. Le prêtre qui la desservait étant lazariste, il fit placer l’église sous le vocable de Saint-Vincent. Cependant, l’église a repris son nom initial de Saint-Bruno. En 1836, Monsieur Beaugeard, peintre, eu pour mission de restaurer l’ensemble des fresques de l’édifice qui avaient été fortement abimées par la fumée des bougies.
L’architecture de l’église Saint-Bruno est de style baroque, elle mesure 24 m de haut à l’extérieur. A l’intérieur, elle fait 46 m de long par 10,30 m de large et par 13,40 m de hauteur. Sa façade se divise en trois parties distinctes et se compose notamment de six pilastres corinthiens. Au-dessus de la porte, dans une niche, on peut voir une statue d’une Vierge à l’Enfant. A l’intérieur, l’édifice est marqué par son ornementation : ses fresques, ses boiseries et son dallage en marbre. Le maître-autel se compose de quatre colonnes corinthiennes supportant un fronton circulaire. Le retable, de 1672, contient un tableau représentant l’Assomption de la Vierge réalisé par Philippe de Champaigne, peintre français classique, peu de temps avant sa mort.
De part et d’autre du maître-autel on trouve deux sculptures attribuées à Gian Lorenzo Bernini, sculpteur, architecte et peintre italien, représentant une statue de la Sainte-Vierge et une statue de l’ange Gabriel. A l’intérieur de l’église, le programme décoratif réalisé au XVIIe et XVIIIe siècles a été dès le début fort admiré.
La révolution ne l’a pas épargné. Cependant les boiseries encadrant la porte d’entrée, les salles de la nef et les portes du sanctuaire, forment un ensemble rare. Quatorze salles sur les cinquante installées à l’origine dans la nef et réalisées probablement pas les maîtres Jean Thibaud et Claude Gaullier sont encore en place. Les autres ont été transportés à la cathédrale Saint-André. Les panneaux de chaque stalle sont ornés d’un cartouche comportant au centre le buste d’un saint personnage. Les attributs sculptés au dessus permettent de les identifier. La voute de la nef est recouverte de fresques en trompe-l’œil. Elles ont été exécutées en 1771-1772 par le peintre d’origine italienne, mort à Bordeaux en 1801, Juan Antonio Berinzago. L’artiste a signé deux fois son œuvre, sur le mur ouest au dessus de la porte d’entrée et dans la voûte, côté nord. Il a représenté dans une savante composition en perspective très italianisante, des modèles architecturaux, portiques, colonnades corinthiennes, pilastres, balustrades, entablements peuplés de bustes et de médaillons. Altérées dès le début du XIXe siècle, ces peintures ont été restaurées à plusieurs reprises : en 1836 par le peintre décorateur Beauregard et en 1896 par les artistes Lemeire et Lavigne. sans oublier les tableaux illustrant la vie de Saint Bruno qui viennent compléter ce programme déjà bien riche.