Fécamp,Haute Normandie,France

Au début du XIe siècle, Fécamp est le centre du pouvoir politique et religieux comme en témoignent les vestiges du palais ducal et l’ancienne église abbatiale. De retour en France, Guillaume le Conquérant choisit d’y fêter Pâques avec sa nouvelle cour, le 8 avril 1067.
RÉSIDENCE FAVORITE DES DUCS
Sa position excentrée fait que, vers l’an mil, les premiers ducs de Normandie s’y sentent plus en sécurité qu’à Rouen. Enfants, ils y grandissent et restent très attachés à leur cité. Les aïeux de Guillaume le Conquérant y édifient un palais de type carolingien et y séjournent une grande partie de l’année. Entourés par une cour de fidèles, les ducs y gouvernent, et deux d’entre eux, Richard I et Richard II, s’y font enterrer. Elle devient le centre du pouvoir politique de la Normandie. Quand Guillaume revient dans son duché après avoir été couronné roi d’Angleterre, il choisit la capitale ducale comme premier lieu de séjour avec sa cour anglaise. Il y reviendra en 1075 et 1083.
LA RICHE ET PUISSANTE ABBAYE DE LA SAINTE-TRINITÉ
L’église abbatiale témoigne à elle seule de la richesse de l’ancienne abbaye de Fécamp. Celle-ci s’est développée avec le pouvoir ducal et, en 1064, elle participe activement à la préparation de la conquête de l’Angleterre. L’abbaye de Fécamp finance la construction d’une partie de la flotte, envoie un médecin, « Gontard » ainsi qu’un chevalier, « Vital » avec ses moines soldats qui feront ensuite pénitence pour avoir levé les armes… Après sa victoire, Guillaume le Conquérant se montre particulièrement reconnaissant envers les moines de Fécamp dont les possessions sont quadruplées. En 1087, lorsque meurt Guillaume, celle-ci possède plus de biens en Angleterre que l’abbaye de Caen: terres, domaines, droits sur le port de Winchelsea, sur les marchés de Steyning, Winchelsea, Navendy… Jusqu’au milieu du XVe siècle, les possessions de l’abbaye de Fécamp, situées dans le Sussex, les comtés de Gloucester et de Lincoln constituent une source de richesse considérable.
LA COUR D’ANGLETERRE A FECAMP
C’est au temps de Guillaume le Conquérant que les normands découvrent la civilisation anglaise. Lorsque celui-ci, couronné roi d’Angleterre, revient dans la ville ducale entouré de dignitaires anglais, ses contemporains observent avec émerveillement « les fils du Septentrion qui portaient une longue chevelure (…) les vêtements tissés et incrustés d’or du roi et de ses compagnons (…) les vases d’argent ou d’or (…) les cornes de buffles ornées du même métal… » Par la suite, d’autres souverains anglais se rendront à Fécamp. Henri II Plantagenêt y viendra et attribuera aux moines de l’abbaye les droits exclusifs sur le trafic du port. Quant à Charles II, il fera halte à notre charmante ville en 1652 au cours du célèbre « Royal Escape ».- .

MONTIVILLIERS
A quelques kilomètres de l’estuaire de seine, cette célèbre abbaye de femmes est restaurée en 1035 par le père du futur Conquérant, le Duc Robert le Magnifique.
UNE ABBAYE DE FEMMES LIÉE À LA FAMILLE DUCALE
Lorsque le monastère, créé en 685 par Saint- Philibert, se relève après les invasions vikings, il est placé sous l’autorité de la puissante abbaye de Fécamp. En 1035, c’est le père de Guillaume le Conquérant, Robert le Magnifique, qui lui permet de recouvrer une autonomie totale et définitive. II en confie le gouvernement à sa tante Béatrice. Sous sa direction et celle de l’abbesse Elisabeth, l’abbaye va connaître un essor continu tout au long du XI siècle. De retour d’Angleterre, Guillaume le Conquérant lui fait don d’une partie de l’île de Jersey et une tradition veut qu’il ait visité à cette occasion le chantier de la nouvelle église de Montivilliers avec la reine Mathilde. Le couple ducal semble avoir entretenu des relations très étroites avec l’abbaye de Montivilliers dont la plupart des religieuses sont de haute naissance, souvent proches de la famille ducale.
DES INFLUENCES MULTIPLES
L’église abbatiale dont la construction a commencé en 1065 et s’est poursuivie au XIIe siècle, présente des similitudes frappantes avec certains édifices de Basse Normandie et d’Angleterre. Le plan de son abside (dépourvu de déambulatoire) ainsi que son élévation à deux étages (dépourvue de tribune), la rapproche de l’abbatiale de la Trinité de Caen (abbaye aux Dames) dont le grand chantier est lancé au même moment par Guillaume le Conquérant et sa femme Mathilde. Par ailleurs on observe à Montivilliers un style d’arc doubleau unique en Normandie. Édifié dans le transept sud, il est sculpté de bâtons brisés que l’on retrouve à la cathédrale de Durham.
LES DUCS, RESTAURATEURS DE MONASTÈRES
Les ducs de Normandie et particulièrement Guillaume le Conquérant, vont s’employer à restaurer et à réformer les abbayes ruinées par les invasions vikings. Les anciennes abbayes sont relevées: à Jumièges, à Fécamp, à Montivilliers. De nouvelles sont créées : à Bernay, au Bec Hellouin, à Cerisy-la-forêt, à Caen, à Saint-Martin de Boscherville… Toutes ces abbayes sont richement dotées en terres et en droits afin d’assurer leur essor. Les ducs confient leur gouvernement à des religieux de renom: Guillaume de Volpiano, Robert Champart, Lanfranc …qui réussissent à recréer des foyers de culture et de vie religieuse intenses. Les grands chantiers de construction qui sont lancés au cours du XIe siècle dans ces abbayes donnent naissance aux plus beaux monuments de l’architecture romane anglo-normande. Cœur d’Abbayes. « Cour d’Abbayes », parcours-spectacle faisant appel aux dernière innovations muséographiques, vous convie une promenade, riche en rêve et en émotion à travers les différents lieux de mémoire de l’abbaye bénédictine de femmes de Montivilliers.