Appelé connu sous le nome de Tophet de Salammbô, le Tophet de Carthage, est une ancienne aire sacrée dédiée en l’honneur des divinités phéniciennes Baal Hammon et Tanit,  situé en Tunisie dans le quartier carthaginois de Salammbô, à proximité des ports puniques. Le périmètre est en effet rattaché au site archéologique de Carthage et classé au patrimoine mondial de l’Unesco.

Le Tophet de Carthage, voyage Tunisie

En effet, la légende raconte que, de jeunes enfants étaient mis à mort dans d’affreuses conditions servant d’offrandes. Le site inclut ainsi de nombreuses tombes d’enfants, et sert par la suite de nécropole. Les seuls traces écrites sont issues de camps opposés à Carthage donc des doutes subsistent cependant sur la véracité de ces pratiques, et l’on soupçonne à ces sources de volontairement noircir le tableau au sujet de leur ennemi. Aussi, des animaux ont été également sacrifiés, comme en témoignes de nombreux restes trouvés sur le site.

En 1921, le site a été découvert de manière clandestine, puis, à partir de cette date, il a fait l’objet de nombreuses fouilles: divers niveaux de stèles ont été mis à jour, dont les formes évoluent selon les périodes. Pour visiter le site, le billet d’entrée permet l’accès aux autres sites archéologiques de Carthage : Théâtre romain Amphithéâtre, Villas romaines, Musée de Carthage, Musée paléochrétien, Thermes d’Antonin, Tophet de Salambô.

Découverte

La stèle dite du prêtre a été mise au jour dans le cadre de fouilles archéologiques clandestine en 1921, très fréquentes à l’époque. Une stèle en calcaire, de plus d’un mètre de haut, figure sur laquelle un adulte qui porte une tunique punique, un chapeau typique des kohanim ; les prêtres puniques, et tenant dans ses bras un jeune enfant, est alors proposée par un pourvoyeur à des amateurs éclairés d’antiquités, François Icard et Paul Gielly des fonctionnaires en poste en Tunisie. Les deux amateurs ont été émus face à une pièce qui semblait confirmer en tous points certains auteurs classiques et les données bibliques, et ont décidé de mettre fin à la clandestinité afin qu’aucune découverte ne puisse échapper aux historiens ainsi qu’aux archéologues. Par la suite, ils ont acheté le terrain et jusqu’à l’automne 1922, ils ont pratiqué de nombreuses fouilles.

Enfaite, la première fouille américaine qui a été menée en 1925 par Donald Benjamin Harden et Francis Willey Kelsey a apporté une compréhension globale de l’organisation du site. Hélas, en 1927, le décès de Kelsey entraîne la fin de cette session de fouilles. Quant au père blanc, père Gabriel-Guillaume Lapeyre, entre les années 1934-1936, il fouille un terrain voisin et récolte du matériel épigraphique et archéologique divers, tout en permettant de comprendre le contexte de la découverte sans aucune précisions stratigraphiques.

Fouilles récentes de Pierre Cintas à la campagne internationale de l’Unesco

Pierre Cintas effectue des fouilles sur le site et découvre en 1947 à partir de la fin de la Seconde Guerre mondiale l’un des éléments qui soulève à l’époque une vaste polémique : l’élément dénommé chapelle Cintas  en l’honneur de son découvreur. La chapelle était constituée de pièces de céramique de diverses origines du VIIIe siècle av. J.-C. et est en effet entouré de maçonnerie dans une chambre d’environ un m2, ce qui fut interprété comme un dépôt de fondation de haute époque. Sur cette terre, elle est l’élément le plus ancien de la présence des Phéniciens. Elles ont fait l’objet d’études poussées et étaient déposées dans des anfractuosités sur le sol natif. En particulier, les méandres de la datation des céramiques, manifestement égéennes pour une partie d’entre elles, permettent une datation moins haute que celle qui a été d’abord proposée par Cintas.

Dernières fouilles américaines

Entre 1976 et 1979, ces dernières fouilles, liées à la campagne internationale de fouilles menées par l’Unesco ont eu lieu sous l’égide de l’American Schools of Oriental Research et de Lawrence E. Stager.

Une utilisation continue du site sur six siècles a été prouvée en guise de bilan des fouilles, avec une surface estimée à six milles m2, vingt milles urnes ayant été découvertes sur diverses strates : « Dès que l’aire sacrée était totalement occupée, elle était recouverte de terre et les dépositions recommençaient au niveau supérieur. »

Les restes découverts qui ont été dès les premières fouilles, ont fait l’objet d’analyses médico-légales, les résultats ayant semé davantage de troubles que donné une réponse aux questions que se posaient les spécialistes.

Caractères du site

Comme celui de Motyé, le tophet était situé à l’écart des vivants et même de la nécropole stricto sensu tout en présentant 4 caractères communs aux autres tophets : en premier lieu, le site vierge, et lors des diverses fouilles archéologiques, aucune couche archéologique antérieure à l’arrivée des marchands phéniciens n’a été trouvée. Pour les autres tophets qui ont pu être fouillés et reconnus dans le monde phénico-punique ce même caractère est également valable.

Même si l’image la plus connue du tophet est celle qui a été dégagée lors des fouilles de Kelsey, de la partie qui est située sous des voûtes romaines, le site est également situé à l’air libre. Il faut bien avouer que cette image correspondait assez à un lieu où le sacrifice tant honni aurait eu lieu, n’est pas l’espace tel qu’il se présentait à l’époque, à l’air libre et délimité.

A part les deux premiers caractères du tophet, le troisième est le fait que le site est ordinairement entièrement clos : cependant, l’enceinte du tophet à Carthage, n’a été reconnue que très partiellement au moment des fouilles de Pierre Cintas. Dès le Ve siècle av. J.-C., cette enceinte semble avoir été débordée. Et il est fort peu probable, pour ce qui est de la surface précise du tophet, qu’on la connaisse un jour de par l’emprise urbaine de la Carthage contemporaine, précisément dans la zone littorale.

Le dernier et quatrième caractère du site est sa double fonction, votive  et funéraire. Ce double caractère trouve un élément de preuve, puisque le terme « molk » est si peu présent dans les stèles épigraphiées, par contre les autres sont associées à des urnes funéraires qui n’ont pas d’autre indication.

Voir aussi: Le musée National du Bardo