Elbeuf,Haute Normandie,France

Bienvenue au pays d’Elbeuf et plus précisément à la vallée drapière où le fil de la Seine se resserre comme pour exhorter le visiteur à une pause au cœur de l’ancienne cité drapière, sise dans son cadre gigantesque de forêts et de roches. A la mémoire le fleuve incite. Curieux contraste : toute la ville raconte son laborieux passé industriel et textile alors que les alentours célèbrent la majesté des, paysages et bercent de leur douceur les rives de la Seine et de l’Eure. Aux limites de la ville, le vert des forêts descend en pentes douces par vallons et cavées rencontrant le rouge brique des anciennes usines. Ambiance si particulière d’une cité désormais convertie à l’industrie technologique, qui rénove son urbanisme, fait revivre son cirque-théâtre et préserve de la rouille son patrimoine industriel. Voici Elbeuf et son pays, vous y avez rendez-vous avec l’émotion.
LA RUCHE
« Elbeuf est une ruche, tout le monde, y travaille » remarquait Bonaparte lors de sa visite en 1802. La ville conserva, en sa mémoire. La ruche et les abeilles sur ses armoiries. Mais pour qui découvrait Elbeuf au 19e siècle, la ville se résumait en deux mots: bruit et odeur.
De la Manufacture Royale aux usines-villes
Port et ville de négoce, la ville se tourne vers la fabrication textile dès la fin du 15e siècle. Les teinturiers s’installent le long du petit cours d’eau qui serpente dans la ville et dont les eaux sont reconnues pour leurs vertus bénéfiques au lavage de la laine. Ainsi, malgré son faible débit, le Puchot est à l’origine de l’activité drapière et du développement de la région. Très vite, le drap de laine est apprécié pour son exceptionnelle qualité et Colbert y érige en 1667 la « Manufacture Royale des Draps ».

Des laines de qualité venues d’Espagne
Au temps du Roi-Soleil, la Cour de Versailless s’habille de drap d’Elbeuf. La Manufacture Royale compte 42 fabricants et emploie plus de 8 000 ouvriers en ville comme à la campagne. Au 18e siècle, s’amorce une concentration de la production : de nombreuses manufactures sont construites en ville pour le tissage, tandis que la filature s’effectue encore à la campagne. Entre 1830 et 1834, l’utilisation du métier jacquard permet la fabrication de nouveautés (tissus à dessins) qui font conquérir une nouvelle clientèle et suscitent une croissance rapide.
Au cours du 19e siècle Elbeuf passe de 5 600 à 22 000 habitants. 19e siècle, les machines à vapeur s’imposent. C’est le passage de la manufacture à l’usine avec une modification significative de l’architecture : aussi hautes que les clochers des églises, les cheminées déroulent leur panache de fumées produites par des machines appelées alors « pompes à feu ». En 1871, l’arrivée des Alsaciens, soucieux de rester français, constitue une nouvelle étape : ils édifient de véritables usines-villes où sont regroupées toutes les opérations de fabrication du drap.
Pendant la première guerre mondiale, un effort considérable sera fourni pour répondre aux besoins des troupes : on produit en moyenne sept millions de mètres de drap par an. La seconde guerre constituera une épreuve pour les elbeuviens : un incendie ravage le quartier commerçant en 1940, les bombardements et l’occupation finiront de meurtrir la ville. Après la guerre, le déclin de l’industrie textile, face à la concurrence des tissus synthétiques, est inéluctable. Entre 1952 et 1975 : 39 usines ferment leurs portes.